La dernière lettre de Léon Jost

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En 1941, Léon Jost est directeur de la fabrication et chef du personnel de la biscuiterie nantaise Lefèvre-Utile. Ancien combattant, mutilé de guerre (blessé en 1915, il a été amputé d’une jambe), il est le président-fondateur du Comité d’Entente des Anciens Combattants de la Loire-Inférieure. C’est également un résistant actif au sein du réseau Georges France 31, qui organise l’évasion de 2 248 prisonniers anglais et français détenus dans les camps de Châteaubriant et Savenay.

Arrêté à ce titre le 15 janvier 1941 par les autorités allemandes, il est incarcéré à la prison Lafayette à Nantes et y rédige ses mémoires, Un dernier tour en ville. Le 22 octobre 1941, apprenant qu’il fait partie des otages sélectionnés dans le cadre des représailles à l’ éxécution du lieutenant-colonel Hotz, il écrit une lettre d’adieu à son épouse :

22 octobre 1941, 13 heures

Ma chère femme aimée,
Le grand moment est venu, nous venons d’être informés que nous serons fusillés aujourd’hui. L’honneur qui m’avait été refusé une première fois va m’être accordé, je vais mourir pour la France !
Tu sais quels sont mes sentiments au moment de te quitter, je ne peux que te répéter mes sentiments d’amour et de reconnaissance. Tu as été une épouse et une mère admirable maintenant tu vas être chef de famille.
Les enfants se grouperont autour de toi et vous serez forts tous trois.
Si j’ai du regret de quitter la vie, c’est de vous laisser alors que nous étions si heureux.
[…]
Tu m’as fait la plus belle vie que je pouvais rêver. Encore merci ! merci !
[…]
La peine que j’ai de te causer cet immense chagrin s’adoucit de la certitude que j’ai d’avoir fait mon possible pour te rendre heureuse. Notre bel amour va avoir une fin. Adieu mon aimée, je vais réaliser mon voeu, je vais mourir en soldat.
Votre mari, fils, père, qui vous aime de toute son âme qui va le quitter et voler vers vous.
Vive la France !!
L. Jost.

Et, sur un autre feuillet, encore quelques mots :
Vivez unis et soyez assurés que nous avons été forts.

Léon Jost est mené au terrain du Bêle où il est fusillé, avec 15 autres Nantais, tandis que 32 autres otages sont éxécutés à Châteaubriant et Paris.