La mobilisation des enfants dans la grande guerre

Dessins d’écoliers contenus dans les rapports des écoles nantaises, 1914-1919
Dessins d’écoliers contenus dans les rapports des écoles nantaises, 1914-1919
Dessins d’écoliers contenus dans les rapports des écoles nantaises, 1914-1919
Dessins d’écoliers contenus dans les rapports des écoles nantaises, 1914-1919
Dessins d’écoliers contenus dans les rapports des écoles nantaises, 1914-1919
Lectures pour tous, 1er juillet 1915, Musée d’histoire de Nantes.
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Pendant toute la durée de la Grande guerre, les directeurs et directrices des écoles publiques nantaises, à la demande de l’inspecteur et du maire Paul Bellamy, ont consigné leur quotidien dans des rapports rendant compte de leurs activités.

Rassemblés en registres et déposés aux Archives municipales, ils représentent une ressource formidable pour appréhender la vie des enfants à Nantes pendant le conflit. Les notes des professeurs, les nombreux dessins et devoirs d’élèves révèlent à quel point la violence du conflit s’est introduit sans fard dans la vie des enfants, et témoignent du rôle déterminant exercé par l’école dans la mobilisation idéologique.

Dès la rentrée 1914, il est demandé à chaque enseignant de consacrer sa première leçon à la guerre. Les élèves suivent jour après jour l’actualité des combats, la progression de la ligne de front et les décès des soldats au sein des familles ou du corps enseignant. Les images du front, tirées de la presse quotidienne ou envoyées par le ministère de l’Instruction publique, sont utilisées par les enseignants et affichées aux murs de la classe. La lecture des nouvelles du front inspirent des dessins « libres » aux élèves. C’est une vision manichéenne de la guerre qui leur parvient, emprunte de la haine du « Boche ». La guerre s’immisce également dans leurs jeux : dans la cour d’école, comme l’explique  un directeur au début du conflit, « ils jouaient : aux soldats. Ils se divisaient en deux camps ; mais aucun ne voulait représenter les Boches (…); des blessés pour rire tombaient, alors venaient les brancardiers … C’était la petite guerre et tous les jours, sans jamais se lasser, les enfants jouaient à la guerre ».

La mobilisation des élèves est également matérielle : les fillettes, en particulier, visitent les blessés dans les hôpitaux, raccommodent leur linge, participent à des quêtes et ventes d’insignes en faveur des œuvres de guerre, soutiennent les Poilus combattants ou prisonniers par l’envoi de lettres et de colis. Toutes les familles sont mises à contribution : l’argent collecté par les écoles est ensuite redistribué à diverses œuvres de guerre : «  Les enfants donnent largement pour toutes les œuvres. C’est sans contrainte que nos fillettes se privent de chocolat, de friandises et de petites fantaisies pour alimenter la caisse des prisonniers de guerre, des soldats au front, des soldats malades ou blessés », témoigne une directrice d’école de filles en 1916.