Blessés, mutilés et invalides et guerre
En 1918, à l’issue du premier conflit mondial, les pays belligérants pansent leurs plaies. En France, 1,4 million de soldats sont morts, soit 1 sur 5. On compte également 4 millions de blessés, dont 1 million d’invalides, principalement des hommes jeunes, entre 19 et 49 ans.
Le développement de l’artillerie et son rôle prépondérant dans les combats explique ce lourd bilan humain. Les médecins militaires, d’abord dépassés par l’afflux de blessés et l’ampleur des lésions, pratiquent des amputations afin d’éviter la gangrène. Peu à peu, au cours du conflit, la restructuration du système de santé des armées permet une prise en charge plus efficace et contribue de plus à d’importants progrès médicaux, notamment en matière d’asepsie, de radiographie et de chirurgie.
La société française est donc profondément modifiée par les conséquences de cette guerre. Les visages défigurés, les mutilés dans leurs fauteuils roulants, les amputés aux manches de vestes vides et pudiquement épinglés, rappellent sans cesse à la population l’intensité des horreurs subies. Pour ces blessés à l’intégrité physique perdue, la réinsertion sociale et professionnelle est difficile.
Ce fauteuil sert au transport des soldats blessés lors de la Première Guerre mondiale à Nantes. Conçu sur un modèle ancien, il nécessite encore la présence d’une personne valide pour le pousser. Mais à l’image de la médecine de guerre, le conflit engendre des avancées technologiques majeures en matière de matériel médical. Devant le nombre importants de personnes concernées, les fauteuils acquièrent une plus grande maniabilité, et rendent peu à peu leur autonomie aux blessés grâce à l’autopropulsion. A Nantes, la société Aumont met ainsi au point un modèle actionnable par la force des bras, modèle victorieux lors de la course de mutilés organisée en 1920 à l’hippodrome de Longchamp.
Ce fauteuil est donné au musée d’histoire de Nantes en 2012 par la congrégation des Sœurs Franciscaines Oblates du Sacré-Cœur de Chantenay, qui a vocation depuis 1887 à soigner les malades et les indigents. Cette chaise a bénéficié d’une importante restauration en 2012, et sera exposée à partir de juin 2016 dans les nouvelles salles du musée d’histoire de Nantes.