Le bœuf gras

Le 5 mars 1886, la Municipalité organise le premier concours de bœufs gras connu à Nantes. Les animaux primés défilent pendant le Dimanche gras sur des chars tirés par d’autres bœufs,  lors d’un événement visant à récolter des fonds pour les plus démunis.

La tradition de faire défiler un bœuf gras sur un char pendant le carnaval perdure jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

Nantes, Carnaval 1923. Le Bœuf gras « Mironton ». Carte postale
© Château des ducs de Bretagne–Musée d’histoire de Nantes

Dès le début du 20e siècle, une tombola dite du « bœuf gras » est organisée par les bouchers et charcutiers nantais. Le gros lot n’est autre que le bœuf présenté sur le char durant le défilé ! Mais c’est après la Seconde Guerre mondiale que cette tombola prend toute son ampleur. Organisée par le Syndicat d’initiative, elle a alors pour principal objectif de réunir des fonds à destination du Bureau de bienfaisance de Nantes, d’associations culturelles et d’associations caritatives. Le bœuf gras a alors perdu son statut de premier lot au bénéfice d’une voiture. Il figure cependant toujours en deuxième ou troisième position, juste devant un réfrigérateur et une barrique de muscadet, en 1958.

Grande tombola du bœuf gras 1939, une automobile Peugeot pour gros lot.
Affiche
© Château des ducs de Bretagne–Musée d’histoire de Nantes

Le bœuf gras reste une figure emblématique de cette tombola, et plus largement, des festivités de la Mi-Carême. Il est ainsi représenté sur l’affiche annonçant l’événement pour l’année 1954. Cette même année, un concours de chansons sur le bœuf gras est lancé par le Syndicat d’initiative. La palme est décernée à « V’là le bœuf gras qui passe ! », qui reprend l’air d’ « Auprès de ma blonde ».

Mi-Carême de Nantes, 25-28 mars 1954
Affiche
© Château des ducs de Bretagne–Musée d’histoire de Nantes

Les billets pour la tombola du bœuf gras étaient mis en vente dans de nombreux commerces de la ville. Parmi ceux-ci, les célèbres magasins Decré (qui se trouvaient dans les bâtiments aujourd’hui occupés par les Galeries Lafayette). Le bœuf gras conservé au musée d’histoire de Nantes est justement une enseigne qui servait à annoncer leur vente dans ces magasins. Datant des années 1950, cet objet insolite est réalisé en papier mâché, avec des yeux de verre lui conférant un aspect très vivant. À l’origine, un mécanisme interne, caché dans son ventre, permettait de faire rouler ses yeux et bouger sa langue ! Les inscriptions sur son corps n’ont aucun lien avec la tombola. Devenu la mascotte de l’atelier d’électromécanique des magasins Decré, ce bœuf participe à toutes les sorties du groupe, qui sont inscrites, année après année, sur l’objet. Il est conservé au château depuis 1982, et c’est la deuxième fois qu’il est utilisé pour un jeu de tirage au sort depuis qu’il est inscrit dans les collections du musée, renouant ainsi avec sa fonction initiale !