Nash VS Turner

Dans les années 1820, deux aquarellistes anglais considérés comme les chefs de file de leur art font le voyage en France et séjournent à Nantes. À la suite de l’acquisition d’une oeuvre de Frederick Nash (1782-1856), le musée possède désormais un dessin de cet artiste et de William Turner (1775-1851) représentant un semblable sujet : la ville et son fleuve révélés depuis le même endroit, sur le bras de la Loire entre le pont de la Bourse et celui de la Poissonnerie. 

Frederick Nash paraît être le premier à venir à Nantes, vers 1824, et, comme beaucoup de ses contemporains, il cherche à capter la lumière ambiante ; Nantes et ses différents bras de Loire semblent alors lui offrir des compositions propices à la traduction graphique, picturale, de ses multiples effets sur l’eau et le ciel.  

William Turner est à Nantes au début du mois d’octobre 1826 et réalise plus d’une trentaine d’esquisses de paysages dans ses carnets. Ce n’est qu’en 1829, reprenant ses études nantaises, qu’il compose l’aquarelle intitulée Nantes, d’un plus grand format et le fruit d’un travail plus abouti. Frederick Nash avait vraisemblablement suivi le même processus de création — de l’exécution d’une esquisse sur le vif à la composition d’une oeuvre plus structurée en atelier. 

La comparaison entre ces deux scènes observées est riche de sens et d’informations sur le regard que l’on pouvait porter sur Nantes et la Loire, la forte présence de l’eau dans la ville et des activités qui s’y déroulent, ainsi que la monumentalité des nouveaux immeubles bordant les quais, le fleuve. Si Nash reste proche d’une réalité tout en y ajoutant « un pittoresque ethnographique », Turner amorce déjà sa modernité en quittant l’exactitude des lieux qu’il sublime au profit de l’effet et de l’impression. 

• Frederick Nash, Nantes sur Loire, vers 1824 

• William Turner, Nantes, 1829 

Ces deux oeuvres sont désormais présentées côte à côte, en salle 8 du musée.