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Nantes
dans la première
guerre mondiale

La guerre européenne de 1914. Nantes. Les trains de mobilisation sont couverts de devises.
En route pour Hambourg-plage, vive la France, à bas Guillaume.
© Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes

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L’entrée dans la guerre

À Nantes, le 2 août 1914, la population découvre par les annonces publiques et les affiches posées dans la ville, l’ordre de mobilisation générale donné la veille par le gouvernement français. Le 3 août, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Le sort des futurs combattants se fige. Durant le conflit, 40000 hommes sont mobilisés à Nantes. Ils ont entre 20 et 47 ans. Près de 7 000 d’entre eux ne reviendront pas.

Situé à l’arrière, Nantes devient une ville de cantonnement où seront accueillis 240 000 soldats.

Qu’est-ce qu’un Poilu ? Lettre d’un Poilu à sa Mère
© Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes

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Les soldats sur le front

Sur le front, les soldats témoignent d’un enfer où dominent le sentiment de peur, lafatigue et la tension permanente sans oublier la violence et la mort, omniprésente.

Les paysans incorporés dans l’infanterie payeront le plus lourd tribut à la guerre. Les derniers chiffres estiment à 130 000, le nombre des bretons morts lors du conflit.

Pour garder espoir, la correspondance avec la famille, joue un rôle majeur.

Exemplaire de la revue pour enfants « Lectures pour tous », daté du 15 février 1918. La couverture présente deux femmes en bleus de travail, et une illustration d’usine à l’arrière-plan, évoquant le travail des femmes durant le conflit.
© Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes

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Le travail des femmes

Dans les campagnes, les femmes font face dans l’urgence, dès août 1914, au travail des champs et à la moisson en remplacement des hommes partis sur le front. Dans les villes, elles remplacent les hommes dans les usines. Malheureusement leur statut évolue peu et leurs salaires restent inférieurs à ceux des hommes aux mêmes postes rendant leur situation précaire notamment en cas de veuvage.

Surnommées les « Anges blancs », les premières infirmières et les bénévoles, sont nombreuses à pratiquer des soins aux blessés de guerre. Elles interviennent juste derrière les lignes de front des champs de bataille comme à l’arrière pour les soins longs et la rééducation. La ville de Nantes compte dix-huit hôpitaux pendant le conflit.

Les enfants héroïques de 1914
© Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes

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Les enfants

La guerre s’installe dans la vie des enfants. L’absence des pères, des frères et/ou des oncles est psychologiquement douloureuse et rend leur travail souvent indispensable. La guerre s’inscrit dans l’enseignement alors empreint d’un grand patriotisme ou encore dans les jouets ou les livres pour enfants. Relayée par la censure et la presse, l’image de l’ennemi, du « boche » est aussi présente dans l’espace public et dans l’univers des enfants.

La guerre européenne de 1914. Nantes. Soldats anglais occupés au débarquement des chevaux.
© Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes

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Les alliés

Les anglais s’engagent dans la guerre dès l’invasion de la Belgique par l’Allemagne, le 4 aout 1914. Ils sont présents dans le port de Nantes et à Saint-Nazaire durant l’ensemble du conflit.

Les américains entrent plus tardivement en guerre, quand les allemands déclarent la guerre sous-marine à tous les navires qui commercent avec leurs ennemis. En juin 1917, ils rejoignent ainsi Saint-Nazaire, qui devient une de leurs portes principales d’entrée en Europe. Ils seront 200 000 à Nantes entre 1917 et 1920. Leur engagement dans le conflit redonne espoir à la population même si la réalité des relations entre les troupes alliées et les habitants s’avère parfois difficile.

Carnet de sucre valable pour une personne de l’année 1918. Les coupons des mois de janvier, février, mars et avril sont utilisés.
© Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes

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Les restrictions

À Nantes, des mesures sont prises par la municipalité pour éviter une flambée des prix sur les produits alimentaires ou les matières premières nécessaires à la population.

En 1917, le rationnement devient pourtant inévitable. La municipalité instaure un carnet de sucre suivi la même année du carnet de charbon puis en 1918, du carnet de pain.

Carte postale illustrée d’un calendrier de l’année 1919.
© Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes

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La fin de la guerre

Le 11 novembre 1918, à 5 h 40 du matin, l’armistice est signé entre les belligérants. La guerre s’achève sur un bilan humain et matériel effroyable. Au total, on comptabilise près de 9 millions de morts et 8 millions de blessés dont 1 400 000 soldats français disparus. Dans le département de la Loire inférieure, comme dans le reste de la France, le constat est accablant : 20 % des hommes entre 19 et 27 ans sont morts. Sur les tables mémoriales nantaises, 5 864 noms sont inscrits. Dans ce contexte dramatique, la pandémie de grippe espagnole (1918-1919) vient encore ajouter au désarroi des habitants. L’ensemble de l’activité économique est également durablement touchée.

Aristide Briand, homme politique né à Nantes, prix Nobel de la paix en 1926 en hommage à sa participation à la signature des accords de Locarno le 16 octobre 1925, véritable pacte de stabilité entre les anciens belligérants.
© Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes

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D’une guerre à l’autre

Dès mars 1922, un vote du Sénat autorise la reconstitution de la flotte de guerre. A Nantes et Saint-Nazaire des contre-torpilleurs sont lancés en 1923 et 1925. L’usine de Bouguenais réalise le premier avion de chasse moderne de l’armée française, le modèle Morane-Saulnier 406.

Avec la devise « si tu veux la paix, prépare la guerre », le gouvernement français légitime les efforts militaires confortés par l’amorce du réarmement de l’Allemagne en 1935, deux ans après l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir. Les grandes manifestations pacifistes organisées par le SFIO et les syndicats, dans les années 1930, tout comme les idéaux du Front populaire, au pouvoir entre 1936 et 1938, ne parviennent pas à s’opposer à ce qui est en marche.